2025 marquera (peut-être) un tournant majeur pour les auto-entrepreneurs en France. Fini le doux confort de la franchise de TVA jusqu’à 36 800 euros : désormais, dès 25 000 euros de chiffre d’affaires (CA), vous devrez fabriquer, déclarer et verser la TVA. Cette réforme, qui s’applique à tous les secteurs d’activité, bouscule l’équilibre de nombreux indépendants et nécessite une adaptation rapide. Pourquoi un tel changement ? Quels sont les impacts concrets sur votre activité ? Et surtout, comment bien gérer cette transition ? On vous explique.
Sommaire
TVA dès 25 000 euros : Pourquoi ce changement ?
Le gouvernement justifie cette baisse du seuil de TVA par trois arguments principaux. La premier, c’est l’harmonisation des seuils. Avant cette réforme (qui, nous vous le rapelons est toujours en suspens à l’heure où nous écrivons cet article en raison de la vague de colère des petites entreprises), les autoentrepreneurs n’étaient pas tous logés à la même enseigne.
Par exemple, un graphiste pouvait rester en franchise de TVA jusqu’à 36 800 euros, tandis qu’un commerçant avait une limite bien plus élevée de 91 900 euros. Désormais, tout le monde sera soumis au même plafond de 25 000 euros (avec apparemment un seuil de tolérance jusqu’à 27 500 euros).
La seconde raison, c’est la lutte contre la fraude fiscale. Certains indépendants avaient tendance à « oublier » une partie de leur activité pour rester sous la barre de la franchise de TVA. Avec un seuil plus bas, le fisc espère récupérer plusieurs millions d’euros supplémentaires grâce à une déclaration plus rigoureuse.
Enfin, il y a le sujet de la concurrence. Un autoentrepreneur bénéficiant de la franchise de TVA pouvait proposer des tarifs plus compétitifs qu’une entreprise classique assujettie à la TVA.
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Quels changements concrets pour vous ?
Il y a plusieurs gros changements qui accompagnent cette mesure si elle est adoptée. Voici les principaux qui devraient donc vous concerner si vous faites plus de 25000 euros de CA.
1. Un seuil de TVA donc plus bas
Avant, la franchise de TVA allait jusqu’à 36 800 euros (services) ou 91 900 euros (vente de marchandises). Et donc, après passage de la mesure, vous devez payer la TVA dès que votre chiffre d’affaires (donc le montant total des sommes encaissées) atteint 25 000 euros, avec un seuil de tolérance à 27 500 euros.
➡️ Dès 25 000 euros de chiffre d’affaires, vous devenez assujetti à la TVA et devez l’appliquer sur vos factures.
2. Vous devez « fabriquer » la TVA dès 25 000 euros
À partir du moment où vous dépassez ce seuil, vous devez ajouter 20 % de TVA sur vos tarifs OU payer de votre poche si vous ne voulez pas que vos clients paient trop cher.
➡️Soit, vous augmentez votre prix de 20 % pour conserver votre marge, mais cela peut effrayer certains clients. OU, vous absorbez la TVA, ce qui réduit votre bénéfice net.
3. Des obligations comptables plus lourdes
L’autoentrepreneuriat était apprécié pour sa simplicité administrative. Mais avec la TVA, cela devient vraiment plus compliquer.
➡️ Vous devez déclarer et verser la TVA chaque mois ou chaque trimestre.
➡️ Vous pouvez récupérer la TVA sur vos achats professionnels (matériel, logiciels, fournitures, équipements…).
➡️ Vous devez mettre à jour votre facturation et ajouter une ligne précisant le taux de TVA applicable.
4. Un impact direct sur vos clients…
La réaction de vos clients dépendra de leur statut. Les clients professionnels (B2B) récupèrent la TVA, donc cela ne les impacte pas vraiment. Et pour les clients particuliers (B2C), ills subiront une hausse directe de 20 % sur vos tarifs (sauf si vous payez de votre poche), ce qui peut les faire hésiter.
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Faut-il changer de statut pour éviter la TVA ?
Si votre chiffre d’affaires dépasse régulièrement 25 000 euros, plusieurs options s’offrent à vous. Vous pouvez d’abord rester autoentrepreneur avec TVA. Ce choix est intéressant seulement si vous avez des dépenses professionnelles importantes, car vous pourrez récupérer la TVA sur vos achats.
Vous pouvez également changer et passer en entreprise individuelle (EI) ou en société (SASU, EURL). Si votre activité est en forte croissance, ces statuts peuvent être plus avantageux fiscalement.
👉 À noter : Le régime de l’autoentrepreneur reste simplifié en termes de comptabilité, mais au-delà d’un certain seuil de chiffre d’affaires, un statut plus structuré peut être avantageux.
Comment bien gérer cette transition ?
Le mieux, c’est d’anticiper. Anticipez votre chiffre d’affaires en amont pour voir le paiement de la TVA venir. Si vous approchez des 25 000 euros, préparez-vous à la TVA dès maintenant. Il faudra prévoir cela et donc prévoir ces fonds.
Il faudra aussi certainement adapter vos tarifs. Prenez le temps de peser le pour et le contre pour savoir si vous augmentez les tarifs ou si vous ne le faites pas. Testez des ajustements progressifs pour voir comment vos clients réagissent.
Dans tous les cas, mettez votre facturation à jour si vous êtes concerné. Supprimez la mention « TVA non applicable » et précisez le taux de TVA sur vos factures. Déclarez correctement la TVA, si possible avec un logiciel de comptabilité.
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