Les smartphones sont devenus nos compagnons inséparables. À l’échelle mondiale, environ 7,21 milliards de personnes utilisent un smartphone. Cela représente environ 90 % de la population mondiale. Que ce soit pour chatter avec des amis, checker les réseaux sociaux ou trouver le chemin du dernier spot à la mode. Ces technologies sont toujours à portée de main. Mais cette dépendance croissante soulève une question : nos téléphones intelligents grignotent-ils nos capacités cérébrales, notamment notre mémoire ? Découvrons les réponses dans cet article.
Sommaire
Les outils numériques comme les smartphones remplacent-ils notre mémoire ?
Avouons-le, qui se souvient encore du numéro de téléphone de ses proches ? Aujourd’hui, nos smartphones mémorisent tout à notre place : contacts, rendez-vous, anniversaires, codes, adresses, mots de passe… Même notre liste de courses y passe. Prenons l’exemple de Casis, chauffeur de taxi à Paris depuis 16 ans. Avant, il connaissait par cœur 600 rues de la capitale. Maintenant, il dégaine son GPS sans même y penser. Il confie : « Trop de mémoire à gérer… Je mets le GPS sans même réfléchir. »
Cette anecdote est juste ce que l’on vit actuellement : pourquoi s’embêter à mémoriser quand la technologie peut le faire pour nous ? Mais ce n’est pas tout. Le smartphone a remplacé notre mémoire dans bien d’autres domaines :
- Les dates importantes (anniversaires, rendez-vous) sont désormais gérées par les calendriers numériques dans nos smartphones.
- Nos mots de passe sont enregistrés automatiquement dans des gestionnaires (qu’on oublie aussi de mémoriser).
- Les trajets, même familiers, sont recalculés systématiquement avec le GPS, au point qu’on n’apprend plus les itinéraires.
- Nos souvenirs visuels sont externalisés via la caméra : on photographie tout… mais on s’en souvient moins.
- Les tâches du quotidien : listes, rappels, alertes… Autant d’éléments que notre cerveau gérait auparavant.
Ce phénomène a même un nom : la mémoire transactive. Il s’agit concrètement de déléguer la mémorisation à un outil ou une personne. En gros, on ne cherche plus à retenir l’information, on retient simplement où et comment la retrouver.
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Comment fonctionne notre mémoire ?
Pour comprendre l’impact réel du numérique, faisons un petit détour par le fonctionnement de notre mémoire. Elle se divise en plusieurs catégories :
- Mémoire à court terme : Elle permet de retenir une information pendant quelques secondes à quelques minutes. Par exemple, un numéro que l’on vient de lire ou une consigne immédiate. Elle est limitée en capacité (environ 7 éléments) et est très sensible aux distractions.
- Mémoire à long terme : Elle stocke durablement nos souvenirs personnels, nos connaissances, et tout ce que l’on apprend au fil du temps. Contrairement à la mémoire à court terme, elle peut durer des années, voire toute une vie.
- Mémoire procédurale : C’est celle qui nous permet d’exécuter des gestes automatiques sans réfléchir, comme faire du vélo, écrire ou conduire. Elle est très stable dans le temps et difficile à verbaliser, mais se renforce par la répétition.
- Mémoire perceptive : Elle nous aide à reconnaître instantanément un visage familier, une voix, une odeur ou un lieu. Elle fonctionne souvent en arrière-plan, de manière inconsciente, mais joue un rôle clé dans notre orientation et nos interactions.
- Mémoire sémantique : Elle concerne le langage, les faits, les concepts et les connaissances générales (ex. : savoir que Paris est la capitale de la France). Elle est essentielle pour comprendre, apprendre et communiquer.
L’hippocampe, une zone du cerveau, joue un rôle clé dans la mémorisation des faits récents. Si on délègue trop cette fonction à nos appareils, on risque de moins solliciter cette partie essentielle de notre cerveau.
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Numérique vs papier : un impact sur la mémorisation
Lire sur écran ou sur papier, est-ce vraiment pareil ? Pas tout à fait. Plusieurs études scientifiques démontrent que la lecture sur papier facilite la compréhension, mais surtout la mémorisation des contenus. Cette différence s’explique par la manière dont notre cerveau interagit avec le support physique d’un livre.
Le papier offre des repères spatiaux et visuels stables : on sait intuitivement si une information se trouvait en haut de page, sur la gauche, ou vers la fin du livre. Ces indices aident le cerveau à situer et ancrer l’information dans la mémoire. À l’inverse, la lecture numérique, comme sur les smartphones ou tablettes, est plus fluide, linéaire et défilante. Cela va supprimer ces repères, ce qui rend plus difficile la mémorisation à long terme.
De plus, les distractions numériques (notifications, multitâches, lumière bleue) perturbent notre concentration. Par conséquent, on lit plus vite, mais on retient moins bien. Sur écran, l’information est souvent perçue comme plus « jetable » ou temporaire. Le papier invite à une lecture plus lente, plus consciente, plus immersive.
Quels effets chez les enfants ?
Les spécialistes de la petite enfance s’accordent sur les risques liés à l’exposition précoce des enfants aux écrans. Le rapport « À la recherche du temps perdu », remis au président de la République en avril 2024, affirme cela. Ce dernier recommande de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans. De plus, il faut limiter leur usage jusqu’à 6 ans, en privilégiant des contenus éducatifs accompagnés par un adulte.
Le psychiatre Serge Tisseron, connu pour la règle des « 3-6-9-12 », souligne l’importance de ces restrictions pour protéger le développement cognitif des enfants. Il soutient également les propositions qui interdisent l’accès à Internet avant 13 ans et aux réseaux sociaux avant 15 ans.
L’Association française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) met en garde contre les effets néfastes d’une surexposition aux écrans. Ce sont les troubles du sommeil, les difficultés scolaires et une augmentation du risque de dépression. Elle recommande de fixer des limites strictes en fonction de l’âge de l’enfant et de privilégier les interactions réelles pour favoriser un développement sain.
Il est donc essentiel de préserver les jeunes enfants d’une exposition excessive aux écrans afin de soutenir leur développement cognitif, émotionnel et social.
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Comment entretenir sa mémoire à l’ère des smartphones ?
Notre mémoire est comme un muscle, elle se travaille ! Voici donc quelques astuces pour la garder en forme :
- les défis mnémotechniques : apprenez un poème, une liste de mots, et testez-vous
- les jeux cérébraux : des applications proposent des exercices pour stimuler différentes fonctions cognitives.
- Limitez la dépendance : essayez de retenir certains numéros de téléphone ou adresses sans l’aide de votre smartphone.
Comme le dit une coach en neuroéducation : « Le cerveau, c’est comme un gruyère. Il faut remplir les trous. » Cependant, la régularité prime sur la quantité, par exemple, 10 minutes, 3 fois par semaine, suffisent pour entretenir sa mémoire. Si vous allez y passer 1 h 30 d’un coup puis plus rien pendant un mois, c’est évidemment inefficace.
Le rôle du sommeil dans la consolidation des souvenirs
Le sommeil est essentiel pour se remémorer les souvenirs. Durant ces phases profondes du sommeil, le cerveau trie, classe et stabilise les informations accumulées dans la journée. La Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste du sommeil, insiste dessus. « Un bon sommeil est aussi important que l’apprentissage lui-même », affirme-t-elle. « Sans lui, l’information ne passe pas de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme. »
Or, l’exposition aux écrans en soirée, particulièrement la lumière bleue, perturbe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil et retarde l’endormissement. Vous aurez ainsi un sommeil plus court, de moins bonnes qualités… et une mémoire moins performante. Le docteur recommande de couper les écrans au moins 1 h avant le coucher, de favoriser une routine apaisante (lecture papier, musique douce). Il faudra aussi maintenir des horaires réguliers de sommeil. Pour préserver ses souvenirs, il faut aussi savoir déconnecter.
Conclusion : faut-il craindre les effets des smartphones sur la mémoire ?
Les smartphones ont indéniablement changé notre rapport à la mémoire. Ils nous facilitent la vie, certes, mais une utilisation excessive peut fragiliser notre capacité à retenir des informations. Heureusement, en adoptant quelques bonnes pratiques (moins d’écrans, plus de papier, un sommeil réparateur et des exercices réguliers), notre mémoire peut rester au top à tout âge. Après tout, la mémoire, ça se cultive… un peu chaque jour. Il vous reste donc à changer votre routine quotidienne en vous assurant de ne pas entrer dans l’excès.
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