On associe souvent les chats aux vidéos mignons ou drôles sur internet. Il existe toutefois des personnes qui ont la phobie de ces animaux. L’ailurophobie est une condition bien réelle, mais qui reste difficile à comprendre pour certains. En effet, comment un humain peut-il craindre autant ce chat tout mignon ? Et pourtant, les cas critiques peuvent devenir handicapants au quotidien. Généralement non pathologique, l’aide d’un professionnel devient nécessaire pour la personne affectée.
Présentation et définition de l’ailurophobie
L’ailurophobie peut être définie comme étant une peur irrationnelle des chats. Cette phobie survient généralement auprès d’un sujet qui aurait vécu un traumatisme durant l’enfance. Un mécanisme de défense pathologique se crée alors, causant la fuite de manière irrationnelle face au chat.
Aussi connue sous le nom de félinophobie, d’élurophobie ou de gatophobie, l’ailurophobie a attiré l’attention de plusieurs spécialistes. Au début du XXe siècle, de nombreux neurologues se sont en effet penchés sur les causes de cette condition qui fait partie de la catégorie des troubles anxieux.
Le neurologue américain Silas Weir Mitchell a publié en 1905 un article dans le New York Times, en expliquant les possibles causes de cette phobie. Dans la pratique, l’ailurophobie ou gatophobie se traduit par quelques crises d’angoisse lorsque l’individu se retrouve face à un chat. Cela peut se produire, même si le contact se fait de manière directe ou indirecte. Ces crises d’angoisse peuvent être ressenties de manière répétée, prolongée et excessive.
La vie quotidienne du concerné se retrouve bouleversée, puisque les chats existent un peu partout sur notre planète. Vous les trouverez en ville, dans les rues et à la campagne. Dans les cas les plus extrêmes, la vue d’un chat suffirait pour déclencher une crise de panique chez l’individu.
La peur des chats : une histoire vieille de plusieurs siècles
La peur panique du chat trouve ses origines au Moyen Âge. En Europe, le christianisme médiéval voyait le félin comme une incarnation du diable. Cela avait poussé les autorités de l’époque à accuser les femmes de sorcellerie, puis brûler ces dernières avec leurs animaux. Ces pratiques médiévales ont mené à un déclin important de l’espèce.
Entre 1551 et 1589, des persécutions furent également menées par le roi Henri III qui méprisait aussi cet animal. Il présentait les symptômes de l’ailurophobie : panique, voire de malaise rien qu’à la vue de l’animal. Le roi français fit alors bannir le chat de sa cour. Pire, il ordonna à ce qu’on abatte tous les chats présents sur ses lieux de déplacement. On estime à plus de 30 000 le nombre de chats sacrifiés durant les 15 années de règne du souverain.
Ce podcast d’Europe 1 parle du roi et de sa crainte :
Ailurophobie : caractéristiques et manifestations
Les phobies se manifestent de multiples manières et avec une intensité variable. Généralement, les principales caractéristiques de l’ailurophobie peuvent être classées en plusieurs catégories.
- Les réactions émotionnelles : On parle entre autres d’aversion et de dégoût envers les chats, de blocages et de colère face à l’incompréhension d’autrui. Parfois, l’individu va même éviter de rendre visite à des proches qui possèdent un chat ;
- Les réactions cognitives (pensées) : Elles se traduisent par une incapacité de penser à autre chose face à un chat, ainsi qu’à des pensées paranoïaques ou à l’imagination de scénarios ;
- Les symptômes physiologiques : Tachycardie, vertiges, transpirations, douleur thoracique, sensation d’étouffement, maux de ventre et crise de panique.
Les origines de l’ailurophobie
À l’instar des autres troubles anxieux, l’ailurophobie peut avoir différentes origines. Cela dépend alors de chaque individu. L’ailurophobie peut provenir tout d’abord d’un traumatisme vécu pendant l’enfance. Il peut s’agir d’une morsure ou d’une griffure de chat. Ou bien, cette crainte peut être un héritage familial. Cela a souvent un lien avec la peur d’une toxoplasmose contractée par la femme enceinte.La socialisation des chats : la clé pour une cohabitation harmonieuse ?
Pour finir, on rappelle l’existence de l’aspect superstitieux lié aux chats. Le chat noir est en effet souvent associé au malheur. Au-delà des croyances populaires et des quelques pistes citées précédemment, la médecine n’est cependant pas en mesure de déterminer clairement les origines de l’ailurophobie.
En tout cas, il est clair qu’on peut écarter les origines « rationnelles ». Finalement, il se peut qu’il s’agisse d’un simple mécanisme de défense qu’un individu adopte afin de ne pas avoir à faire face à l’angoisse.
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Les traitements possibles de l’ailurophobie
Les ailurophobes sont habituellement des personnes qui ne se sentent pas en sécurité dans un espace pourtant sécurisé dès qu’il y a un chat. L’accompagnement thérapeutique doit être réalisé en réaffirmant cette dimension de sécurité. Pour y parvenir, une intervention psychocorporelle peut s’avérer efficace.
L’art-thérapie montre aussi des résultats plutôt positifs. Il met en scène sous forme de dessins ou de personnages en argile des chats supposés être aimants et rassurants.
Quant à la thérapie d’exposition, il consiste à rapprocher la personne à un chat. L’objectif est de médiatiser les réactions cognitives et émotionnelles.
Une thérapie cognitivo-comportementale présente un grand succès pour permettre à la personne de bien gérer ses crises d’angoisse. Grâce à cette thérapie, on peut facilement détecter les pensées négatives, réguler les émotions et intégrer des comportements plus adaptés.
Pour finir, on trouve les techniques de relaxation et de respiration qui sont généralement efficaces dans ce genre de situation.
Les ailurophobes les plus célèbres de l’histoire
Au XVIe siècle, une peur généralisée
La reine d’Angleterre Elisabeth I (1533-1603) détestait les chats. Elle a aussi été élevée dans la haine du pape après la prise d’indépendance de l’Église anglicane en 1534. Après son couronnement en janvier 1559, une douzaine de chats ont alors été enfermés dans une effigie du pape en osier qu’elle a fait parader dans les rues de Londres avant d’y mettre le feu. Les hurlements d’agonie des chats représentaient les démons qui habitaient le corps du pape.
Durant cette même période, en France, le roi Henri III persécutait également les chats, comme nous l’avons vu précédemment.
Napoléon, Hitler et César
Bien que l’ailurophobie de Napoléon Bonaparte (1769-1821) reste à confirmer. Il est cependant certain que le souverain n’avait pas une grande considération pour les petits félins. Cela valait d’ailleurs pour les autres animaux domestiques. Dans le Code civil français promulgué par celui-ci en 1804, les chats, les chiens et autres animaux du même ordre sont légalement déclarés comme des meubles.
Toutefois, Napoléon a su reconnaître l’utilité des chats, surtout lors de sa campagne en Égypte. Les félins qui accompagnaient ses hommes ont effectivement servi à chasser les rats, porteurs de la peste.
Sinon, il existe aussi des rumeurs sur l’ailurophobie de personnalités historiques comme Alexandre le Grand, Jules César ou Adolf Hitler. Malheureusement, aucun texte ne fait référence à ces informations.
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Une condition qui peut être traitée
En explorant les profondeurs de l’ailurophobie, nous avons découvert une facette complexe de la relation humain-animal. Cette peur, ancrée dans l’histoire et souvent exacerbée par des expériences personnelles, n’est pas une fatalité. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez souffrez d’ailurophobie, sachez qu’il existe des moyens efficaces pour la surmonter.
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5 commentaires
C’est difficile à imaginer avoir peur des chats, ils sont si mignons! Mais je comprends que c’est une phobie sérieuse. J’espère que ceux qui en souffrent trouvent l’aide dont ils ont besoin pour la surmonter.
J’ai un ami qui a vraiment peur des chats, et c’est pas facile pour lui. Il évite même de visiter des amis qui en ont. Je lui suggérerai de consulter un spécialiste.
J’avais jamais entendu parler de l’ailurophobie avant. Ça me fait réfléchir sur comment les phobies peuvent vraiment affecter la vie de quelqu’un.
Les thérapies mentionnées semblent prometteuses. L’art-thérapie et la thérapie cognitivo-comportementale sont particulièrement efficaces pour traiter ce genre de phobie. Bon courage à ceux qui sont dans cette situation.
C’est fou de penser que des figures historiques comme Henri III avaient peur des chats. Ça montre que les phobies peuvent toucher n’importe qui, peu importe le statut.