C’est un truc qu’on entend souvent. Que ce soit au détour d’un mojito à Barcelone ou d’une conversation avec un pote expat : « En Espagne, tout est moins cher », disent de nombreux Français. Et ce n’est pas juste une impression. C’est une réalité. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi deux pays voisins, au climat similaire, à la culture pas si éloignée, ont un tel écart de coût de la vie ?
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Des salaires plus bas, donc des prix plus doux
On commence par le nerf de la guerre : le salaire. En 2023, le salaire minimum en Espagne était de 1080 euros brut mensuel, contre 1 766 euros brut en France. En moyenne, un Espagnol gagne environ 25 000 euros par an, contre près de 40 000 euros pour un Français.
Moins de pouvoir d’achat, cela veut dire que les prix doivent s’adapter.
C’est mécanique : si les salaires sont plus bas, les loyers, les restos, les soins, les services doivent suivre. Sinon, personne ne peut payer. Donc les entreprises baissent leurs prix. Ou plutôt, ne les montent jamais autant qu’en France.
Résultat, quand on est Français, avec un salaire de Français, on a l’impression que les prix sont moins élevés en Espagne, ce qui est vrai. Mais, proportionnellement aux salaires, les prix sont simplement en adéquation avec les salaires espagnols.
Un marché immobilier moins spéculatif (sauf à Madrid et Barcelone)
Hors des grandes villes, acheter ou louer en Espagne, c’est le jackpot. Exemple ? À Valence, une ville magnifique en bord de mer, un 70 m² en centre-ville se loue autour de 600 euros par mois. À Montpellier, ville de taille similaire, on est plutôt autour de 900 à 1 000 euros.
Pourquoi ? Parce qu’en Espagne, l’immobilier est resté longtemps fragile depuis la crise de 2008, où le pays a pris un bouillon sévère. Ainsi, peu de spéculation, beaucoup d’offres, et des prix contenus (sauf dans les zones ultra touristiques, on s’entend).
Un système social moins généreux… mais aussi moins coûteux
En France, on a une Sécurité sociale en béton, un chômage qui protège, des aides à tout-va. Et ça, ça se paye. Les cotisations sociales en France sont parmi les plus élevées d’Europe : autour de 45 % du salaire brut. En Espagne, elles tournent autour de 30 %.
Moins d’aides, mais aussi moins de charges pour les entreprises, donc des coûts moins élevés, donc des prix finaux moins gonflés. Oui, c’est le revers de la médaille : ce qui fait la force du modèle français (sa protection), fait aussi grimper les prix.
Une TVA plus légère sur certains produits
Il y a une petite subtilité fiscale, mais non des moindres, la TVA espagnole est plus douce. Le taux standard en Espagne est d’environ 21 % et en France, c’est environ 20 %, donc jusque-là, égalité. Mais… le diable est dans les détails.
En Espagne, beaucoup de produits de première nécessité (pain, fruits, légumes, lait…) ont une TVA réduite à 4 % ou 10 %. Tandis qu’en France, ces taux réduits existent aussi, mais les seuils sont plus restreints, et les prix de base plus élevés.
Ainsi, un panier moyen alimentaire coûte jusqu’à 25 % moins cher en Espagne qu’en France (d’après l’OCU, l’équivalent espagnol de UFC Que Choisir).
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Une mentalité plus frugale (et des habitudes de consommation différentes)
Oui, ça joue aussi. Les Espagnols sont moins fans de surconsommation. Moins d’achats compulsifs, plus d’épargne, une vraie culture du « vivre avec peu mais bien ». Par exemple, la majorité des Espagnols font leurs courses au marché, pas au supermarché. Et ils mangent souvent à la maison, les portions sont plus petites, les déchets moindres.
Pas besoin de 14 sauces, 12 marques de fromage et 3 types de gel douche. En Espagne, la simplicité est une norme, pas une privation.
Un coût de l’énergie (un peu) plus bas, et des logements mieux adaptés au climat
Autre facteur : la facture d’électricité ou de chauffage. En Espagne, on chauffe beaucoup moins. Forcément, il fait chaud. Les logements sont pensés pour la ventilation, l’isolation contre la chaleur, pas contre le froid.
Et même si l’Espagne importe beaucoup d’énergie comme la France, les habitudes de consommation sont plus sobres. Donc, on se retrouve avec une facture moyenne d’électricité plus basse (même si ça tend à se rapprocher depuis la crise énergétique de 2022).
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Une fiscalité locale moins agressive (en moyenne)
Certains services locaux sont beaucoup moins chers en Espagne. La crèche publique coûte environ 30 à 100 euros/mois, contre 200 à 600 euros en France (selon les aides). Et, un ticket de métro à Madrid : 1,50 euro. À Paris ? 2,15 euros.
Une consultation médicale privée (donc pas chez le généraliste, attention), cela coûte entre 30 et 60 euros en Espagne, contre 50 à 90 euros en France (hors dépassements).
C’est simple : tout est moins cher parce que tout est pensé pour une population moins aisée. Et pourtant, la qualité de vie reste haute. Le soleil, la culture, les liens familiaux forts… ça ne s’achète pas, mais ça pèse dans la balance.
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