Quarante-cinq jours que Liz Truss a passé à Downing Street, moins que tous ses prédécesseurs et un record qu’elle aurait sûrement voulu éviter. Elle est devenue l’équivalent britannique du roi Bourbon Louis Ier le Bref, fils aîné de Philippe V et de Marie-Louise de Savoie, qui n’a passé que 229 jours sur le trône d’Espagne. En tout cas, plus qu’elle.
Truss La Breve devait s’y attendre, car il en a fait l’annonce à 13 h 30 précises, dans un Londres gris, automnal et pluvieux, avec une froideur extraordinaire, comme quelqu’un qui annonce qu’il a acheté une nouvelle machine à laver. « J’ai perdu la confiance du parti conservateur et je démissionne de la direction. Je resterai en fonction jusqu’à ce qu’un nouveau dirigeant soit élu dans une semaine ».
La situation de Truss était intenable depuis que les marchés sont intervenus de facto dans le pays et ont imposé Jeremy Hunt comme ministre des finances pour démanteler tout le programme de hausse des impôts du gouvernement. Mais l’issue était en vue depuis hier, avec la démission de la ministre de l’Intérieur Suella Braverman, la disparition de tout semblant de discipline dans les rangs des Tories et des scènes chaotiques lors d’un vote sur la fracturation. Quinze députés avaient publiquement appelé à la démission de leur chef.
Les événements se sont précipités et Mme Truss a convoqué des personnalités du parti conservateur à Downing Street ce matin pour demander un rapport médical. Le diagnostic n’a laissé aucune place au doute. Il n’y avait aucune chance de survie. Les proches ont été informés que le patient n’avait plus des heures mais des jours à vivre, et qu’il était temps d’arrêter le ventilateur.
Le roi Louis était également connu comme « le libéral » et « le bien-aimé ». Liz Truss était une ultra-libérale mal aimée qui restera dans l’histoire comme Elizabeth la brève.
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