Depuis la crise américaine des subprimes en 2008 voilà près de dix ans, et le dérèglement des marchés, puis de toute l’économie, qu’elle a entraîné, la titrisation a mauvaise réputation. Elle est encore associée en Europe aux falsifications des paquets de titres appuyés sur des sous-jacents « pourris » et présentés à l’époque par les banques comme de bons produits.
Impossible de faire entendre raison aux investisseurs européens : la titrisation est restée taboue. Son marché qui florissait à 818,7 Milliards d’Euros en 2008 atteint difficilement les 150 Milliards aujourd’hui. Le comble, c’est que le marché américain, plus pragmatique, s’est beaucoup mieux remis : revenant à 1200 Milliards actuellement contre 2000 Milliards en 2008.
Alors que faire pour remettre à l’honneur un mode de financement qui pourrait apporter jusqu’à 150 Milliards d’Euros supplémentaires d’argent frais vers le financement des PME ?
Impossible de laisser la difficile tâche de la réhabilitation de ce produit financier aux seuls instituts spécialisés comme l’organisme de Titrisation Coface.
Sommaire
La titrisation STS : Simple transparente standardisée
L’initiative de la Commission européenne a pour objet de synthétiser et ordonner l’ensemble des réglementations parues dans tous les pays de l’Union. Pour cela, elle promeut la création d’une norme haut de gamme : le STS.
Les sous-jacents seront homogènes, en termes de type de créance comme en termes de risque. Les crédits auto et les crédits immobiliers ne seront pas mélangés, car l’évolution du secteur automobile n’a rien à voir avec celle du secteur immobilier. Et les émetteurs devront eux-mêmes certifier que leurs titres sont bien STS. Reste en débat la question d’une certification par un tiers.
Mais le Parlement européen souhaite prendre son temps pour la validation de cette nouvelle loi, tandis que la Commission et le Conseil pressent le pas : « Le Conseil ne s’est pas donné beaucoup de mal pour entrer dans le détail des propositions. Ce sera au Parlement européen de le faire. Nous n’avons pas l’intention d’aller très vite, mais de faire le travail sérieusement », a déclaré Pervenche Berès, députée européenne, au colloque de l’Institut européen de régulation financière.
Augmenter les sources de financement des PME
Plus largement, la Commission européenne souhaite l’union des marchés de capitaux. Avec vingt-huit marchés différents, l’échange n’est pas assez fluide et la liquidité insuffisante. Il est nécessaire d’approfondir le marché de capitaux, et la titrisation de créances est un outil parmi d’autres.
Comme les banques sont amenées à durcir leurs conditions d’attribution de crédit aux entreprises en raison des normes de Bâle III, les PME doivent trouver d’autres sources de financement pour soutenir leur croissance. C’est ce que vise l’intégration des marchés de financement européens. La conséquence serait une baisse des coûts de financement dans toute l’Union européenne, et une harmonisation entre les pays du Nord et les pays du Sud.
Nos différences avec les Etats-Unis
Alors que l’économie européenne passe principalement par les banques pour se financer, le marché américain préfère nettement la bourse. En Europe, 80% du financement des entreprises s’effectue via le secteur bancaire, contre 20% via les marchés boursiers. Aux USA, la proportion est exactement inverse : 20% grâce aux banques, 80% grâce aux marchés.
Outre une réglementation plus sécurisante pour les investisseurs, c’est toutes les mentalités qu’il faudrait modifier pour augmenter le financement des entreprises et relancer fortement la croissance. La prudence européenne ne paye pas puisqu’elle est également touchée par les bourrasques du marché financier américain. En attendant, la bourse continue d’être vue ici comme un casino géant quand elle continue d’être considérée outre-Atlantique comme un mode normal de financement, malgré tous les krachs qui ont pu survenir (1929, 1987, 2008).
Il y a encore du travail en Europe avant de remettre les marchés financiers en odeur de sainteté.
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