Entre 2020 et 2022, le nombre de logements étiquetés « F » ou « G » en vente sur le site SeLoger a presque doublé et sont annoncés au rabais.
Le nombre d’annonces de location « pauvres en énergie » a diminué de 40 % l’année dernière.
Un nouveau critère de recherche de maisons à louer ou à vendre est récemment arrivé sur le site SeLoger, qui affiche en permanence 1 million d’annonces immobilières : le diagnostic de performance énergétique (DPE).
Entre les cases qui permettent aux visiteurs de sélectionner des offres avec ascenseur et les annonces avec de simples photos, les clients peuvent désormais sélectionner des logements classés de « A » (très performant) à « F » ou « G. » (consommation énergétique excessive).
Personne ne se préoccupait du DPE il y a cinq ans, mais aujourd’hui il est aussi important qu’un balcon ou une place de parking » explique Thomas Lefebvre, directeur scientifique de SeLoger et MeilleursAgents, un agrégateur de données immobilières.
La loi sur le climat et la résilience a modifié le comportement des Français.
La loi interdit la location des appartements les plus thermiques (désignés comme « G+ ») à partir du 1er janvier 2023, une interdiction qui sera étendue à tous les biens catégorisés « G » en 2025, « F » en 2028 et « E » en 2034.
L’objectif de cette initiative est d’inciter les propriétaires à rénover afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, alors que le secteur du bâtiment est responsable de plus d’un quart des émissions nationales chaque année.
Des diagnostics plus rigoureux sont nécessaires
Selon SeLoger, qui agrège les annonces de 30 000 professionnels de l’immobilier, ces mesures coercitives ont déjà entraîné une forte augmentation du nombre de logements thermiques mis en vente à partir de 2021.
Selon une étude publiée mercredi 1er février, les résidences » F » et » G » représenteront 19 % des biens mis en vente sur le site immobilier au quatrième trimestre 2022, contre 11 % deux ans plus tôt.
Si cette augmentation peut aussi s’expliquer par une obligation plus stricte d’affichage du DPE sur les annonces et par un renforcement des diagnostics, selon Thomas Lefebvre, elle est surtout due au comportement des propriétaires « qui anticipent la perte de valeur de leur bien et ne veulent pas faire de travaux, le tout dans un contexte de crise énergétique ».
Cette tendance à la vente s’ajoute à la tension sur le marché de la location : en France, le volume d’annonces de location d' »appartements » a diminué de 40% l’année précédente, tandis qu’à Paris, le nombre d’appartements thermiques à louer a chuté de 60% sur la plateforme.
Étonnamment, les projets de vente associés à un DPE négatif « ne concernent pas seulement les propriétaires fonciers visés par la loi », souligne SeLoger.
Selon une enquête OpinionWay commandée par le site, 31% des vendeurs de maisons principales ont choisi de vendre en raison d’un DPE faible – une raison mise en avant par la moitié des vendeurs de propriétés secondaires.
Le marché parisien, en particulier, est source d’inquiétude.
Alors que les prix ont commencé à baisser et que les professionnels de l’immobilier font état d’un surstock de biens adaptés à la vente, le site immobilier propose quatre fois plus d’annonces de vente d’appartements thermaux à Paris en juillet 2021 qu’en juillet 2021.
A tel point que les appellations « F » et « G » représentent actuellement 37% du parc immobilier disponible de la capitale.
Dans certains départements ruraux, comme la Creuse, « 35% des annonces de biens à vendre concernent des appartements énergétiques, le plus souvent des maisons construites avant les années 1970 », observe M. Lefebvre.
L’offre de prix
Une étiquette énergétique élevée, en revanche, signifie une réduction significative du prix d’un bien.
Selon SeLoger, le prix de vente moyen d’un bien à faible consommation d’énergie est aujourd’hui inférieur de 4 % à celui d’un logement comparable doté d’un classement supérieur (la décote va de -1 % à Paris à -5,6 % en zone rurale).
Autre inconvénient, les achats d’appartements thermiques sont plus courants et plus difficiles à négocier (avec une marge de négociation de – 5,6 % en moyenne en France).
Cela signifie qu’une maison de 300 000 euros peut être vendue 270 000 euros après décote et négociation » résume Thomas Lefebvre.
Dès lors, la question de l’intérêt financier à réaliser des travaux, compte tenu des financements publics, va se poser.
Selon les indices des prix immobiliers MeilleursAgents, les prix des appartements énergétiques ont grimpé en moyenne de 3,7 % depuis juillet 2021, soit deux fois moins que les autres biens.
Ils ont même dégringolé de près de 4 % à Paris.
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