Depuis la première observation du frelon asiatique « Vespa velutina nigrithorax » en France, en 2004, plusieurs textes législatifs et réglementaires ont été mis en place. Et ce, tant au niveau européen que national. Ces réformes ont été mises en place pour limiter sa propagation et encourager des mesures de lutte contre cette espèce. Les frelons présentent en effet un risque pour l’agriculture.
Bien que le frelon asiatique ne soit généralement pas agressif envers les humains, il peut réagir de manière hostile si on s’approche de son nid, se sentant alors menacé. Présent dans les Alpes-Maritimes depuis le début de l’année 2009, il représente une menace significative pour les colonies d’abeilles. Ce danger menace non seulement l’apiculture, mais aussi l’agriculture.
Sommaire
Les frelons : Une espèce agressive et prolifique
Comme l’a exposé en détail François Ajouz, désinsectiseur agréé et spécialiste du sauvetage d’essaims ainsi que de la destruction de nids de frelons asiatiques, la biologie de cet insecte présente des caractéristiques particulières.
Comparé au frelon européen que l’on connait très bien et qui ressemble à une grosse guêpe, le frelon asiatique est légèrement plus petit. Il se distingue par sa couleur plus sombre, une bande orangée caractéristique à l’extrémité de l’abdomen, et des pattes dont l’extrémité est jaune. Son dard mesure environ 6 mm. L’insecte devient extrêmement agressif en cas de menace, déployant rapidement des phéromones d’alerte pour attirer ses congénères.
François Ajouz conseille alors fortement de s’éloigner d’une dizaine de mètres si l’on repère un nid. Il déconseille vivement toute tentative d’intervention personnelle sur celui-ci. Cet insecte a également examiné le cycle de reproduction du frelon. Il souligne que, au printemps, les futures reines sortent de leur diapause. Celle-ci va chercher un emplacement propice à la construction de leur nid. Au cours de cette période, dès que la température moyenne atteint 13 °C, les femelles partent à la recherche d’aliments sucrés pour se nourrir.
Ce détail revêt une importance particulière en ce qui concerne les méthodes de piégeage. Piéger près d’un rucher à ce moment précis comporte en effet des risques. Le danger étant que la présence d’un appât sucré renforce l’attrait du site. Une fois que la première génération d’ouvrières est opérationnelle, la reine se consacre à la ponte. Ses femelles entretiennent le nid, élèvent les larves et les nymphes, et les nourrissent.
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Une menace grandissante pour l’agriculture et l’équilibre écologique
Les frelons, et plus particulièrement les frelons asiatiques, peuvent exercer un impact significatif sur l’agriculture. Leur tendance à s’attaquer aux abeilles et à d’autres pollinisateurs peut perturber le processus de pollinisation des cultures. La prédation des frelons sur les abeilles peut également entraîner une diminution de la population d’abeilles. Cet aspect est préoccupant pour les cultures dépendantes de la pollinisation pour leur production de fruits et de graines.
De plus, les frelons peuvent s’attaquer directement aux fruits mûrs. Les cultures de fruits et de légumes subissent ainsi des dommages aux récoltes. La gestion des populations, en particulier des frelons asiatiques, revêt donc une importance cruciale pour la protection de l’agriculture.
Diverses méthodes de contrôle des frelons sont disponibles. On peut notamment évoquer la destruction des nids, l’utilisation de pièges et d’appâts, ainsi que des méthodes préventives. Toutefois, il est impératif d’adopter des mesures de contrôle de manière responsable. Il faut aussi minimiser les impacts sur d’autres espèces et sur l’environnement dans son ensemble.
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La législation autour des frelons asiatiques en France
Le ministère français de l’Agriculture et la réglementation sur les risques sanitaires liés aux espèces animales
Le frelon asiatique « Vespa velutina nigrithorax » est classé au niveau national dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l’abeille domestique sur l’ensemble du territoire français. Et ce, conformément à l’arrêté du 26 décembre 2012.
Cette classification entraîne la nécessité pour la filière apicole d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie nationale de prévention, de surveillance et de lutte contre cette menace sanitaire. L’État peut apporter un soutien réglementaire. Pour cela, il impose certaines actions de lutte aux apiculteurs. Ces mesures sont conformes à l’article L.201-1 du Code rural et de la pêche maritime (CRPM), pour favoriser la réussite de la stratégie.
Selon les dispositions de l’article L.201-8 du CRPM, les opérations de lutte, réalisées par les Organismes à Vocation Sanitaire désignés par le préfet de département, sont à la charge des apiculteurs. Une note de service datée du 10 mai 2013 a défini le rôle des différents partenaires et des services de l’État dans la mise en œuvre de mesures de surveillance, de réduction de la pression de prédation par le frelon asiatique dans les ruchers, et de diminution du nombre de nids de frelons asiatiques dans l’environnement des ruchers.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire sur les espèces exotiques envahissantes (EEE)
Au niveau européen, le frelon asiatique a été ajouté à la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne, conformément au règlement d’exécution 2016/1141. En conformité avec les dispositions du Règlement no 1143/2014 du 22 octobre 2014 du Parlement européen et du Conseil, visant à prévenir et à gérer l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes, cette décision a donc été prise.
Au niveau national, le code de l’environnement se voit compléter par la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.
Il intègre ainsi des dispositions législatives pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes, comme stipulées aux articles L.411-5 et suivants. Selon l’article L.411-6 du code de l’environnement, l’introduction, la détention, le transport, le colportage, l’utilisation, l’échange, la mise en vente, la vente ou l’achat de spécimens vivants d’espèces exotiques envahissantes sont interdits sur le territoire national.
La liste de ces espèces est fixée par arrêté ministériel conjoint des ministères en charge de la protection de la nature et de l’agriculture.
C’est ce même code, en son article L.411-8, queles opérations de lutte sont définies. Dès la constatation de la présence d’une espèce figurant dans les arrêtés ministériels sur les espèces exotiques envahissantes, l’autorité administrative peut procéder ou faire procéder :
- À la capture ;
- Au prélèvement ;
- À la garde ;
- À la destruction de spécimens.
Un arrêté préfectoral précisera les conditions de réalisation de ces opérations.
L’arrêté ministériel du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain a spécifiquement inscrit le frelon asiatique comme une espèce réglementée au titre de l’article L.411-6 du code de l’environnement.
Dans la vidéo, on voit comment c’est un fléau en France, et un atout en Chine :
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