La cigarette électronique, dans sa forme contemporaine, a été inventée au début des années 2000. Après s’être imposée sur les marchés asiatiques, elle a envahi les contrées occidentales dans la décennie 2010, principalement en tant que vecteur d’un plaisir récréatif. En dépit des polémiques, des injonctions et des vives inquiétudes des autorités sanitaires, les dispositifs de vapotage semblent avoir trouvé leur public, estimé à plus de deux millions de personnes dans l’Hexagone. Maintenant que nous disposons d’une vingtaine d’années de recul, faut-il intégrer la cigarette électronique dans l’arsenal de lutte contre le tabac ? Décryptage…
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La cigarette électronique, plus efficace que les patchs et gommes à la nicotine
Il fut un temps où la France était affublée du surnom peu flatteur de « cheminée de l’Europe », en référence au goût prononcé des Français pour le tabac. Aujourd’hui, notre pays n’est plus le mauvais élève de l’OMS en la matière, puisque le tabagisme suit une tendance baissière depuis une dizaine d’années, à l’exception de l’année 2020 qui a connu un rebond à cause du confinement. Il faut dire que les gouvernements qui se sont succédés depuis le deuxième mandat du président Chirac ont mis les petits plats dans les grands pour limiter les dégâts, puis infléchir la courbe :
- Hausse progressive du coût du paquet de cigarettes, jusqu’à atteindre environ 10 € ;
- Multiplication des campagnes de sensibilisation ;
- Entrée en vigueur de la mesure dite du « paquet neutre » ;
- Apposition d’images chocs sur les dangers du tabac sur les paquets de cigarettes ;
- Remboursement des patchs et autres gommes à la nicotine par la Sécurité Sociale.
Bien qu’elle ne fasse pas l’objet d’une communication officielle de la part du ministère de la Santé, la cigarette électronique a participé à cette dynamique positive. En effet, et selon les chiffres du dernier Baromètre de Santé publique France, l’e-cigarette a permis à quelque 700 000 fumeurs de décrocher en France entre 2012 et 2017… soit une efficacité plus élevée que les autres substituts à la nicotine remboursés par l’Etat. Cette performance s’explique par trois facteurs :
- La cigarette électronique permet au fumeur de conserver la gestuelle et les rituels qui accompagnaient sa consommation de tabac ;
- L’émergence de dispositifs de vapotage intelligents, capables de moduler de manière autonome la concentration en nicotine pour lisser les effets secondaires du sevrage sur la durée ;
- L’intensité concurrentielle du marché de la cigarette électronique a provoqué une baisse des prix, que ce soit au niveau des dispositifs de vapotage ou des e-liquides.
L’e-cigarette est « 95 % moins nocive que le tabac »…
C’est en tout cas la conclusion à laquelle aboutie l’étude du Royal College of Physicians, qui a par la suite été reprise par Public Health England, l’équivalent britannique de Santé publique France. On y apprend notamment qu’au regard de leurs compositions chimiques respectives, la cigarette électronique est 95 % moins nocive que la cigarette tabac. Elle épargne au vapoteur d’inhaler des substances toxiques et potentiellement cancérigènes comme le monoxyde de carbone et certains types de goudron. « Si la toxicité est réduite de 95 %, il est logique de penser que le degré de nocivité soit réduit dans cette proportion », peut-on notamment lire en conclusion de l’étude.
De son côté, la Haute autorité de Santé française a fait évoluer sa position, tout en restant prudente. « Nous ne recommandons pas la cigarette électronique comme outil d’arrêt du tabac, mais nous considérons que son utilisation chez un fumeur qui a commencé à vapoter et qui veut arrêter de fumer ne doit pas être découragée ». Enfin, l’Académie de Médecine se mouille davantage et estime que la cigarette électronique est d’une aide précieuse pour accompagner les fumeurs vers une vie sans tabac. Il faut toutefois noter que toutes les cigarettes électroniques et tous les e-liquides ne se valent pas. Le choix d’un clearomiseur est important. De même, aucun compromis n’est permis sur la qualité et surtout la traçabilité du e-liquide consommé.
Ces données suffiront-elles à intégrer la cigarette électronique dans le dispositif national de lutte contre le tabagisme ? Rien n’est moins sûr. Il faut en effet rappeler que la communauté scientifique estime que les effets du vapotage sur le long terme restent encore méconnus. A suivre donc.
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